• En parcourant les rues de Boulogne Billancourt vous remarquerez que certaines rues ont été amputées par une réorganisation de l’espace urbain suite à la désindustrialisation de cette ville qui jadis accueillit un tissu industriel particulièrement dense.




    C’est le cas de la rue du Vieux Pont de Sèvre le long de laquelle se trouvait jadis une partie des usines Renault ainsi que les ateliers des « Automobiles & Moteurs Tony Huber » sis au numéro 56 aujourd’hui disparu !

    Tony Huber, ingénieur motoriste de formation, s’intéressa à l’automobile en étudiant ce qui pourrait améliorer leur fonctionnement et améliorer ainsi le quotidien de ces chauffeurs qui parfois osaient s’aventurer loin des villes au volant de leur monture.

    En cas de panne, les automobiles étaient rarement réparables en l’état  l’infortuné propriétaire devait parfois patienter de longues journées pour que l’usine lui adresse la pièce  mécanique tant attendue !

    Notre jeune ingénieur de 28 ans décida en 1902 d’appliquer ses solutions en créant sa propre marque.

    La firme présenta au Salon de l’Automobile les châssis en bois armé de deux bicylindres de 8 & 14cv ainsi qu’une 4 cylindres de 20cv permettant à Huber de pénétrer dans le haut de gamme.






    La particularité portait sur le changement de vitesses à l’essieu arrière via un joint de cardan unique dont la conception rationnelle allait démarquer l’entreprise et la placer sous les projecteurs du Salon et de la presse spécialisée.




    En concevant sa fameuse « ligne directe des commandes » la maison « Tony Huber » donna une indépendance aux organes mécaniques tel que le moteur, la boite de vitesse, la transmission et le pont arrière qui en agissant chacun pour leur compte permirent d’obtenir une inédite souplesse de fonctionnement.




    Cette conception innovait également dans l’emboîtement « élastique » de ces différents organes dont le démontage remontage devenait simple et rapide pour n’importe quel mécanicien.

    La 20cv quant à elle bénéficiait d’un autre raffinement en ce qui concernait son échappement désormais silencieux !

    Le pot était une sorte de bouteille d’acier située à l’avant de l’auto sous le moteur assurant une première détente au gaz qui terminait son cheminement à l’arrière de la voiture via un tube parcourant tout le châssis … l’ancêtre de notre pot de détente en quelque sorte.

    En 1903, la firme engagea trois 14cv dans la course « Paris-Madrid-Paris » démontrant ainsi l’excellente fiabilité de ses automobiles et leur simplicité d’utilisation quel que soit la situation puisque l’équipe « Tony Huber » mit seulement 13 jours pour boucler l’épreuve en parcourant en moyenne 150 km hebdomadaire sur des chemins chaotiques.






    Lors d’une étape, une de ces automobiles versa dans un petit ravin après avoir défoncé un mur de pierre. Malgré les tonneaux, la « Tony Huber » une fois remise sur ses quatre roues repartie vaillamment avec ses passagers eux aussi sortis indemnes de l’accident.

    Cette anecdote fit d’avantage pour la renommée de l’entreprise que la course elle-même et rapidement les moteurs de la firme allaient équiper d’autres constructeurs en France tel que Dupressoir ou Lacoste & Battmann mais aussi à l’étranger via des distributeurs tel que United Motor Industries pour le Royaume-Unis.




    La conception et le commerce des moteurs à cylindres séparés pour d’autres fabricants allaient rapidement marginaliser la construction automobile au sein de l’entreprise et vers 1905 seuls quelques châssis de Salon  sont encore produit afin de mettre en valeur les moteurs de la firme.






    Tony Huber abandonna la construction automobile en 1906 lorsqu’il s’associa avec Armand Peugeot pour créer une nouvelle entreprise spécialisée dans la conception de moteurs nautiques et électriques qui perdurera au-delà de la première Guerre Mondiale. 


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