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Un échange sur un autre topic m'a inspiré comme suite logique une exhu teutonique et c'est donc une intrusion du coté de Francfort que nos pas nous amènent pour raviver la mémoire automobile d'un grand, très grand groupe industriel allemand aujourd'hui appartenant à l'italien Olivetti et fondé à l'origine par un jeune ingénieur allemand.
ADLER
Heinrich Kleyer ne se destinait pas à un tel destin lorsqu'il embarqua en 1880 pour les Etats-Unis en voyage d'étude mais un constat sur la popularité du vélo outre atlantique le surpris si bien qu'à son retour il organisa un lucratif commerce d'importation de bicyclettes américaines pour innonder la classe ouvrière allemande de ce type de transport jusque là réservé aux élites du pays.
La demande dépassant rapidement l'offre, Kleyer fonda sa propre fabrique de vélo dont le 100 000 éme quitta l'usine en 1898 !
ADLER est alors une socièté déja fort reconnue dans differents domaines tel que les machine à écrire, à coudre, les vélos et la construction navale,
lorsqu'en 1899 son fondateur de passage à Paris signe un contrat de fourniture de monocylindre avec notre célèbre motoriste De Dion-Bouton ainsi qu'une licence de fabrication pour le fameux tricycle.
Tricycle Adler-De Dion
Adler acquit au passage les droits de la transmission par arbre car il souhaitait proposer à ses futurs clients une voiture fiable et de conception moderne pour se differencier des autres pionniers de l'automobile aux finances bien moins garnies.
1900 _ Heinrich Kleyer au volant de sa 3.5cv qu'il mena lui même au salon pour que tous puissent admirer son automobile sur le trajet après avoir communiqué de son escapade par voie de presse au préalable ...
L'image de marque d'Adler est excellente et tout naturellement nombreux sont ceux qui profitent du Salon de Francfort de 1900 pour passer commande de la voiturette 3.5cv et ils ne seront pas déçus puisque celle-ci leur apportera entière satisfaction pour un usage quotidien.
Très vite, la marque à l'aigle va prendre ses distances avec ses anciens fournisseurs pour concevoir elle même ses moteurs, boite de vitesses et transmission sous la férule du non moins génial Edmund Rampler dont je consacrerai une exhu ultérieurement.
1914_ Elégantes grimpant dans un superbe taxi Adler à Colmar pour admirer les trésors de cette cité rhénane
1914_ Un utilitaire Adler avec toute la classe que les constructeurs savaient mettre à l'oeuvre pour perpétuer le rêve automobile jusqu'au laborieux
La gamme Adler est pléthorique et la motorisation de ces voitures va de l'humble bicylindres bon marché à l'ostentatoire 7.5 litres dont le Kayser sera un fidèle utilisateur ... publicité inespérée pour la firme !
1908_ une puissante Adler 18/35 assistée d'une moto(cyclette) de la même veine ... un évènement dans les villages traversés par ces pionniers du tourisme, une fibre de la découverte très largement développée depuis par des générations d'allemands
Une Adler 11/40 restaurée avec beaucoup de courage par un brillant citoyen de sa gracieuse majestée ! ( il est dit que seul le chassis émergeait des herbes folles lorsque son propriétaire actuel en pris possession ...)
Malheureusement la guerre et son cortège d'incertitudes vont précipiter l'entreprise au bord de la faillite en 1921 et seule l'intervention de la Deutsche Bank permettra d'éviter le pire mais il faudra patienter jusqu'en 1925 pour voire disparaitre les modèles d'avant-guerre au profit de deux nouvelles 6 cylindres modernes dont les prix élevés en limiteront tout de même la diffusion !
1920_ Utilitaire dont la vocation funèbre consistait à transférer les défunts des services de soins vers la morgue d'un grand hopital de Berlin ... c'est un peu le dernier voyage cheveux au vent non ?
1929-32_ Une belle Adler Favorit, un classique de la caisse carrée mais pas de quoi sortir du rang
Un torpédo Favorit dans tout ce qui a de plus conforme aux produits concurrents ... vite, vite Adler réveilles toi !
L'entreprise heureusement va peu à peu sortir de sa léthargie créative d'après guerre en s'est démarquant enfin par des innovations importantes telles que les roues indépendantes, la traction avant ou l'association bloc moteur-boite de vitesses.
1932_ moteur-boite de la nouvelle 4 cylindres Adler Primus
En 1931, la firme associe à sa nouvelle gamme d'automobile le très célèbre architecte allemand Walter opius à qui l'on doit entre autre le batiment de l'ex SDN à Genêve.
Coach Primus victorieux ... un argument de vente suplémentaire pour la firme
Certe la Primus n'a que 4 cylindres mais quelle ligne ce spider ... de quoi se faire plaisir tout de même
Ce dernier interpretera une carosserie élégante pour la nouvelle 8 cylindres "Standart" qui propulsera la marque au rang de voiture protocolaire du IIIéme Reich.
Adler Standard8 (1930-33)
Adler Standard6 (1931-33) ... plus abordable en ces temps difficiles ... quoi que
Cependant au vue de sa santé financière, le constructeur n'a pas le luxe de négliger son entrée de gamme sous peine de disparaitre et son salut viendra avec sa Trumpf puis Trumpf Junior première traction avant populaire avec 4 roues indépendantes, un véritable best seller dont des licences de fabrication seront même vendues entre autre à Rosengart et Imperia.
Sous-bock de bière publicitaires pour marquer la sortie de LA Trumpf, chef d'oeuvre de la technologie Adler
[i]Photo d'usine de la première et rare berline Trumpf dite Jupiter avant que la mode Aéro vienne souligner ses galbes
Adler Trumpf Junior (Aero) en berline découvrable ...
La première Trumpf coach puis sa version aéro dès 1934 :
enfin les versions cabriolet de toute belle auto qui se respecte
La très belle Trumpf Jr. 2 Litres par Karmann
Enfin la version utilitaire, ici un fourgon
Cette automobile sera produite pendant 10 ans de 1932 à 1942 et sa base servira même à produire des véhicules de records aux carosseries profilées dues notamment à Paul Jaray célèbre aérodynamicien.
1935_ Adler-Jaray 1ère version
1937_ Adler-Jaray 2ème version... absolument réussie non ?
Tout comme Auto-Union ou Daimler-Benz, ces voitures serviront la propagande de leur pays à chacunes de leurs nombreuses victoires de série tant sur l'Avus que sur les prestigieux circuits de Spa ou du Mans.
Adler Junior Sport
Adler Junior Rennsport
Remis à flot, Adler revient en force sur le marché des 6/8 cylindres avec sa superbe Diplomat en 1934 mais la clientèle se raréfie et bientôt seul le gotha nazi déja fortement courtisé par Mercedes, Maybach ou Horch pourra s'offrir de tel automobiles.
Adler Diplomat ... Kolossal attitude !
1937_Adler Diplomat Pullman 8 cylindres ... le nec plus ultra pour celui qui souhaitait autre chose qu'une Horch ou qu'une Mercedes
Au sommet de la pyramide Adler, cet énorme cabriolet Diplomat 8 ... marque de pouvoir et de puissance pour son heureux propriétaire mais furent ils nombreux à pouvoir prendre son volant ????
L'ère des stromliner envahie les gammes de tous les constructeurs et la dernière Adler "Stromform", une petite 6 cylindres, n'échappera pas à cette mode et chose étonnante la propulsion sera préférée à la traction.
Cette automobile au dessin élégant aurait du connaitre un tout autre destin si les affres de la guerre n'étaient venus lui porter ombrage.
Quelques Adler sous l'uniforme ...
Réquisition ...
En 1946, Adler songea à relancer ce modèle avec une version 4 cylindres plus adaptée au quotidien difficile d'une fin de conflit mais après la construction de quelques prototypes le directoire de la firme préféra se concentrer sur la production de motos et de matériel de bureautique avec un certain succès d'ailleurs.
1946_Prototype Adler 4 cylindres
Hopla, merci de votre visite et en attendant bon WE à tous
@+ Pitcats
Quelques clichés de l'usine ADLER
6 commentaires -
Cette semaine je vous propose de nous attarder sur les productions de Maurice Jeanson, un industriel connu dans le milieu aéronautique pour avoir conçu des hydravions avec l'aide de l'ingénieur Colliex.
Mais l'après guerre n'est plus aussi favorable aux productions aéronautiques et pour maintenir une activité décente à ses employés et éviter ainsi la fermeture de son usine d'Asnières sise au 139 bd Voltaire, il décide comme tant d'autre de jouer le tout pour le tout et de se tourner vers l'automobile avec notamment la production de cyclecars sportifs oh combien à la mode dans ces années folles.
vue actuelle de l'usine
Il choisi la marque commerciale "BENJAMIN" en rapport avec le prénom de son neveu selon certains ...pour commercialiser le type A, un joli cyclecar techniquement intéressant animé par un tonic 4 cylindres de 751 cm3 développant 11ch qui sera suivi par une version sportive de 950 cm3 (Type C) puis par une déclinaison bicylindres de 547 cm3 le type B.
1921_ Type A
1922_ Type B
1922_ Type C
Si au départ le cyclecar est né pour échapper aux taxes touchants les voitures de plus de 350kg il fut par la suite l'occasion pour de nombreux amateurs de goûter à l'ivresse de la course à moindre coût rendant du coup ainsi accessible (enfin relativement mais quand même !) ce sport élitiste et transmette par la suite ce virus aux générations suivantes qui méneront tambour battant R8 Gordini et autres 205 survitaminées dans de vives compétitions de tous rangs.
1922_ Victoire au Tour de France
1923_ Victoire au Bol d'Or catégorie 750 cm3
Commercialement, ces véhicules sont aussi la réponse des "constructeurs artisans" aux grands constructeurs comme Peugeot qui à la même époque inonde le marché avec sa célèbre 4cv Quadrillette et ses deux places tandem (type 161) ou décalées (type 161 E).
1921_ Peugeot Quadrillette type 161
"Benjamin" n'aura de cesse de communiquer sur l'aspect sportif de ses engins pour contraster avec la sagesse de la Peugeot et attirer à lui une partie de cette jeunesse découvrant les joie de l'automobile avec un certains succès.
Cette gamme a en commun un châssis bien né et une carrosserie "Tout Acier" innovation pour le moins audacieuse à l'époque qui place de fait la firme dans le carré des marques innovantes et mieux valait savoir défendre sa place car en matière automobile la technique évoluait si vite que seuls survivaient ceux qui parvenaient à convaincre par des solutions toujours plus surprenante et cohérentes.
Les clients sont au rendez-vous et la petite usine connaît de belles cadences de production car cette première génération est un véritable succès tant dans les rues de Paris que sur les circuits où la firme brille par l'excellence de ses bolides.
1923_ Benjamin PMS
Une escapade outre-Rhin dévoile à Jeanson les vertus des moteurs deux temps très en vogue à Berlin, Munich ou Hambourg et qui équipent nombre de cyclecars teutoniques mais aussi de véritable voitures comme les DKW que je vous invite à découvrir avec l'ami Automobilix.
De retour à Asnières , il présente en 1924 sa nouvelle gamme de véhicules basés autours du moteur deux temps en commençant par une voiture avec un moteur bicylindres de 525 cm3 monté à l'arrière du châssis qui ne trouvera pas son public peut-être en raison d'un excès d'innovation ?.
Sûrement car au cours de la même année la firme revient à plus d'orthodoxie dans la disposition du moteur toujours à deux temps mais qui retrouve sa place devant et c'est ainsi que naissent les type P2 Duplex 6/12ch doté du bicylindres gonflé à 750 cm3 et le P3 Triplex 9/18cv animé par un 3 cylindres 2 temps de 1125cm3.
1924_ Type P2 6/12
1924_ Type P3 9/18
1924_ Type P3 Sport
Malheureusement pour notre chef d'entreprise son enthousiasme pour le deux temps n'est pas partagé par ses clients en raison d'une fiabilité aléatoire et la fiscalité automobile changeante parallèlement à la réduction des coûts des fabrications en grande série des poids lourds du secteur le mettent en difficulté.
La firme se doit de réagir au plus vite et offrir autre chose à sa clientèle car désormais elle se trouve directement en concurrence avec une offre de vraies automobiles financièrement abordables telle que la Trèfle de Citroën qui en terme d'image apportent bien plus au statut social de ces nouveaux automobilistes !
Cependant rien n'arrête Jeanson qui abandonne le moteur deux temps et inaugure en 1925 une nouvelle usine à Gennevilliers au 39 rue de Paris pour y produire en quantité industrielle ses nouveaux modèles type 5/10cv et 7/22cv extrapolés dans l'urgence et par mesure d'économie des anciens types P2 et P3 dont ils conservent l'ensemble des caractéristiques à l'exception des moteurs 4 temps de 1100cm3 et 945 cm3 désormais fournis par "Chapuis-Dornier".
1927_ Type 7/22
L'investissement est à la hauteur des espérances de son fondateur c'est à dire gigantesque pour une aussi petite firme telle que "Benjamin" qui à l'instar de la célèbre Fable de La Fontaine va se mesurer à la bête à corne qu'est Citroën.
1927_ Publicité pour la 7/22
L'astuce voir le génie de Jeanson est d'avoir misé sur la voiture "Caméléon" c'est à dire un modèle universel transformable à l'envie en "touriste" 4 ou 6 places , en "torpédo", en "commerciale", en "fourgon" voir en "charrette normande" le tout pour un prix ultra compétitif de 2800 Fr. ... voilà de quoi relativiser presque 80 ans plus tard la fraîcheur modulable de certaines automobiles modernes et en ce qui nous concerne résoudre le quiz épavesque de la semaine dernière !!
L'audace du batracien semble porter ses fruits car 1926 restera comme l'année de référence pour cette firme que rien ne semble arrêter et qui assure son développement grâce au crédit qui offre aux plus modestes la possibilité d'acquérir la sacro sainte automobile en 12 mensualités pour 200 fr de plus ... succès garanti.
La firme confia à la Société Générale le soin de gérer la mise en force de ces crédits à travers une nouvelle entité financière dénommée "Benjamin Nova" dans laquelle Benjamin était caution personnelle et qui lui permis de remplir confortablement ses carnets de commandes mais cette euphorie fut de courte durée car en 1927 une conjoncture économique moins favorable mis à mal tout l'édifice qui s'écroula avec fracas .
La faillite fut déclarée la même année et une des raisons de cette chute fut principalement une mauvaise gestion des risques en terme de crédit ainsi qu'une erreur de stratégie lorsque l'entreprise se porta garant auprès du banquier du bon remboursement de sa clientèle pour les crédits qui leur étaient accordés !!!
La liquidation ne fut pas prononcée car d'un commun accord les créanciers laissèrent un sursis à Jeanson qui put reprendre son activité sous le contrôle étroit d'un conseil de surveillance où siégeait son principal créancier bancaire.
Cette perte d'indépendance entraîna le changement de raison sociale au profit de .... "Benova" .
1927_ Benova 5cv
Celle-ci se démarqua de l'esprit originel en allant jusqu' à proposer une luxueuse 1500 cm3 à 8 cylindres en ligne motorisée par Scap ainsi qu'une évolution pour le millésime 1929 portant la cylindrée à 2 litres ... un nirvana bien évidemment accessible en crédit .
1929_ Benova 2 litres 8 cylindres
Mais le temps n'est plus favorable à ce genre d'excentricité et la grande dépression laissera sur le carreau cette entreprise qui eu le malheur d'avoir une trésorerie fragilisée par ce qui fit son succès : le crédit et ses traites à jamais impayées par des clients aux abois ...
1930_ Publicité Benova ... on y croit encore !
Une diversification sous la marque "Benjamin" dans la bicyclette et la moto revenues à la mode en ces temps de crise , preuve de l'étonnante adaptation de cette société à son environnement, ne changera malheureusement rien à son funeste destin et la faillite sera prononcée en 1931, une bien triste fin !
Dans un document, il semble aussi que des camions Benova aient été construits ....
Un grand merci à notre ami Aravis sans qui la diversité de ces clichés n'aurait pu être possible ...
20 commentaires
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