Cette exhumation tourne autour de la personne d’un personnage qui fut au centre de plusieurs marques automobiles au cours des quarante premières années du XXème siècle.
Il s’agit de Marcel Violet, un ingénieur qui de part ses travaux et son sens des affaires devint rapidement un personnage incontournable du microcosme de l’automobile française.
Ses premiers pas dans la construction automobile débutent en 1912 avec la création à Paris des « Automobiles Violet-Bogey » en référence à son associé Jean Bogey.
Cette petite officine parisienne mis au point un cyclecar sportif animé par un quatre cylindres vertical Twin.
Les associés se firent remarquer en 1913 lorsque leur bolide, piloté par Violet lui-même, se classa en seconde position au Grand Prix du Mans.
La production resta cependant très confidentielle et les rares torpédos de la marque n’étaient souvent que d’anciens cyclecars de compétition revendus à des passionnés qui permirent ainsi de financer les évolutions futures de l’engin.
La guerre mit un terme à l’aventure des deux comparses qui dès l’Armistice prirent chacun un nouveau départ.
Jean Bogey se lança semble t’il dans la fabrication de Bas à Levallois-Perret tandis que Marcel Violet se concentra à la conception d’un flat-twin 500cm3, moteur à deux temps qui fera de lui une référence incontournable en la matière.
En 1919, Violet est contacté par un certain Legras qui venait quelques mois plus tôt de lancer à Puteaux la Société Industrielle de Construction d’Automobiles et de Moteurs dite SICAM.
Cette entreprise était spécialisée dans la production de moteurs auxiliaires qui permettaient aux fabricants de cycles de transformer ces dernier en motocyclette d’entrée de gamme.
La SICAM était aussi présente auprès des fabricants de matériels agricoles alors en pleine campagne de motorisation des campagnes.
Violet apporta son expertise au développement d’un cyclecar que Legras envisageait de commercialiser cette année là.
Le SICAM reposait sur une structure tubulaire sur laquelle on assemblait une légère carrosserie en tôle fine camouflant le bicylindre Violet fabriqué sous licence.
Malgrès sa lègèreté (300kg) et une conception des plus soignée, ce cyclecar ne connu pas le succès escompté si bien que la SICAM se trouva dans une situation financière particulièrement délicate en 1921.
Eprouvant les pires difficultés à honorer ses dettes, Legras fut contraint de céder son entreprise à ses créanciers par mis lesquels se trouvait Marcel Violet via la licence de son bicylindre.
Grâce à son réseau de connaissances, Violet ne rencontra pas de difficulté majeure pour recapitaliser et relancer la SICAM qui devint au passage une société anonyme.
Violet eu le génie de breveter l’intégralité des ses travaux à son nom et d’utiliser l’outil industriel de la SICAM pour y produire sous ses licences des moteurs particulièrement appréciés des clients de l’entreprise assurant ainsi à l’usine de Pantin des carnets de commandes remplis.
Profitant de cette confortable situation, Violet se retrouva partie prenante dans les secteurs de la moto et du cyclecar.
On retrouva l’ombre de notre ingénieur dans le département moto du groupe Peugeot après la mise au point d’un moteur 175cm3 pour sa filiale « Grifon ».
André Major se rapprocha de Violet en 1920 pour concevoir et motoriser son cyclecar qui remporta le GP du cyclecar au Mans la même année avec Violet au volant.
Dès 1921, Antoine Mourre racheta Major et Violet se classa second au Mans avec le même cyclecar rebaptisé.
Le Mourre se distinguait de ses concurrents par le luxe de sa carrosserie torpédo réalisée en acajou mais aussi par son prix de vente qui le rendait inaccessible à plus de 10000 Francs !
La SICAM mise en cessation de paiement en 1923 cessa ses fournitures auprès de la société Mourre qui baissa son rideau la même année.
Ces liquidations diminuèrent subitement le montant des royalties de Violet qui usa une nouvelle fois de son réseau pour rebondir auprès du fabricant de moto ‘La Française-Diamant » et du groupe ALCYON-GENTIL.
Deux licences furent signées permettant d’écouler les stocks de moteurs auxiliaire SICAM auprès du premier et de fournir des bicylindres pour le cyclecar Alcyon GL du second.
Le rachat en 1924 de La Française-Diamant par Alcyon et l’arrêt du cyclecar GL marqua le début de l’association entre Edmond Gentil et Marcel Violet au sein de la firme SIMA-VIOLET.
De cette union naquit un cyclecar sportif ultra léger qui domina en compétition la catégorie des 500 cm3 grâce l’agilité de son châssis et au performant flat-twin Violet.
Cette suprématie attira de nombreux acheteurs en quête de sensation garantissant ainsi à l’usine de Courbevoie des carnets de production confortablement remplis.
La Sima-Violet fut un des rares petits constructeurs à travailler sans stock puisque même les automobiles engagées en compétition étaient déjà vendues à un client qui après les courses venait en prendre possession rue Barbes.
Compétiteur dans l’âme, Violet mit au point en 1926 un moteur plus puissant pour s’engager dans la catégorie des 1500 cm3 plus prestigieuse.
Violet réalisa un double twin dont la principale innovation fut d’avoir une compression constante quelque soit le régime.
Malheureusement, ce 4 cylindres n’aura pas la même carrière sportive que le célèbre bicylindres et cette voiture de course resta confidentielle malgré de bonnes prestations en course de côte.
Touché par cet insuccès, Violet quitta en 1928 la société pour vendre ses talents de motoriste à d’autres constructeurs de la couronne parisienne.
On le retrouva plus tard dans la genèse de la moto militaire Simca-Sevitame et en 1947 dans la préparation d’une monoplace pour le groupe Bernardet
Le groupe Alcyon en profita pour céder l’entreprise à l’ingénieur Dombret qui la rebaptisa en 1929 « Sima-Standard ».
La nouvelle firme se spécialisa dans la réalisation d’automobiles « composites » utilisant des composants mécaniques de différents constructeurs qu’elle assemblait alors sur un même châssis.
Ce concept permettait de s’affranchir des frais de conception très onéreux et de s’assurer de la fiabilité d’organes rodés depuis longtemps chez leur constructeurs respectifs.
C’est ainsi que la de 5cv 1929 puis la 7cv de 1932 furent emprunt de gênes issus d’Amilcar et de Citroën.
Si les coupés et cabriolets de la firme s’illustrèrent sans complexes dans les nombreux concours d’élégance de ce début des années trente, il est évident que le public ne s’enticha pas vraiment des ces voitures hybrides dont les ventes restèrent bien en deçà de ce qu’il aurait fallu pour permettre à la marque de survivre à la crise économique qui l’emporta comme tant d’autres en 1933.
Vues actuelles de l'emplacement des ateliers Sima-Violet / Sima-Standard au 1-3 rue Barbes à Courbevoie