Les Etablissements BALLOT furent avant la première guerre mondiale un prospère fabricant de moteurs marins d’où la présence de l’ancre sur l’emblème de la marque parisienne installée depuis 1905 dans le 14éme arrondissement Boulevard Brune.
Une diversification des frères Ballot dans la boulonnerie Après avoir répondu à un appel d’offre de l’armée sur le mise haut point de groupes autoportés, l’entreprise se diversifia prudemment dans la production de moteurs automobiles et bien lui en pris car ses productions jouissèrent très vite d’une importante aura auprès de nombreuses marques française de l’époque telle que Delaugère, Corre, Barre ou Delage pour ne citer que celles-ci.
La Licorne carrossée par ANTEM (GV) Bien entendu lorsque les hostilités s’ouvrirent, la firme fut fortement sollicité dans l’effort de guerre et les ateliers tournèrent jours et nuits pour satisfaire une demande toujours croissante et lorsque l’armistice fut signée la firme tenait alors le haut du pavé avec une trésorerie laissant présager un retour confortable dans le civil.
L’annonce de la participation de Peugeot en 1919 aux 5OO milles d’Indianapolis déclancha chez Edouard Ballot la ferme descision de mettre au point la première automobile siglée Ballot, une superbe fusée avec un bloc 8 cylindres en ligne de presque 5 litres conçue par le sorcier de l’époque, Ernest Henry, père des Peugeot L76 d’avant guerre.
1913 _ Peugeot L76 de Jules Goux avant le départ à Indianapolis En un trimestre seulement le croquis de la planche à dessins s’envolait pour ses premiers tours de roues entre les mains du pilote René Thomas lors de longs essais sur les pavés et nids de poules de la RN7…
1918-19_ proto Si Howard Wilcox remporta l’édition 1919 de la course au volant d’une Peugeot il faut noter l’exploit de l’écurie Ballot qui remporta le record du tour à plus de 167 km/h …. Chapeau pour une première sortie non ?
1919_ Howard Wilcox sur Peugeot L76 vainqueur à Indianapolis 1919 _ René Thomas sur Ballot à Indianapolis (GV) Le virus de la compétition étant inocculé, la firme fut présente dans de nombreuses compétitions aussi bien en France qu’à l’étranger avec des variantes 8 cylindres 3 litres et 4 cylindres 2litres.
Des confrontations de légende s’engagèrent avec Peugeot (1919_ Indianapolis & Targa Florio), Monroe (1920 _ Indianapolis) , Duesenberg ( 1920-21_ Indianapolis & ACF Le Mans) , Talbot (1921_ ACF Le Mans), Fiat et Bugatti (1922_ ACF Strasbourg), Mercedes (1922 Targa Florio).
1920_ (ZS) Ballot 3 litres 8cylindres avec De Palma (?) aux commandes avant de s'attaquer aux Monroe, Frontenac et Duesenberg 1922_ (ZS) Ballot 2litres 4 cylindres de Guilo Foresti au GP de l'ACF à Duttlenheim La production de modèles « civil » ne débuta qu’en 1921 avec une version route 3/8LC très proche du modèle de compétition ce qui en fit une sorte de GT à ne pas mettre entre les mains de tout le monde ….
Cela tomba bien car seule une série limitée à quelques dizaines d’exemplaires fut produite à l’attention de clients pilotes ….
Pour répondre à une demande latente forte, la firme présenta en 1922 son modèle 10/11CV type 2LT issu du modèle de compétition 2LS et qui fut certainement la plus aristocratique des modèles 2 litres de son époque !
1922_ 10/11cv 2litres type 2LT (ZS) GV Raffinée, puissante et sécurisante avec ses freins mécaniques sur les 4 roues ce modèle évolua en puissance deux ans plus tard (type 2LTS) avant d’être remplacé en 1927 par une 6 cylindres 2 litres 15cv (type 2LT-6) dont aucune suite commerciale ne fut donnée semble t’il.
1924-26_ Ballot 2LTS En effet la seconde partie des années folles étant un festival de nouveautés en terme de grosses cylindrées, Ballot n’échappa pas à la rêgle et présenta en 1928 sa luxueuse 2.6 litres 15cv (type RH) une puissante 8 cylindres en ligne dont la cylindrée évolua en 1930 à 3 litres devenant ainsi la 17cv (type RH3) ….
1928-30_ 15cv Type RH 1930_ 17cv Type RH3 Cet étalage de superlatifs tomba au plus mauvais moment pour la firme car la recession économique la priva d’une clientèle capable de s’offrir de tels véhicules mais contrairement à tant d’autres qui disparurent corps et âme dans l’oubli, l’outil industriel des Etablissements Ballot fut repris fin 1931 par l’un de ses prestigieux concurrents Hispano-Suiza qui accompagna en douceur le mourant en lui portant l’extreme onction sous forme d’un hybride type HS26 associant la caisse de la RH3 au noble 6 cylindres espagnol 4.6 litres T64 d’Hispano-Suiza.
Passé à trépas quelques semaines plus tard, Hispano-Suiza hérita des installation parisiennes du défunt pour y assembler sa « Junior » ….
Un très grand merci à Gabriel et Team ZS pour leur précieuse aide iconographique sans qui cette exhu aurait été moins agréable à parcourir !!!