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L'Alsace traditionnelle d'Hansi est aussi une prolifique terre "Automobile" qui a vu naître de nombreux constructeurs dont c'est promis nous exhumerons ultérieurement la mémoire
Aujourd'hui, c'est aux confins de l'Alsace "celtique" à Niederbronn (67) plus precisément que nous nous rendons pour rencontrer une grande famille industrielle du cru , les DE DIETRICH qui ont bati un empire dans les chemins de fer.
Le Baron dès le début de l'ére automobile a désiré diversifier sa production dans ce domaine en prenant le parti d'acheter des brevets sous licence au lieu de mobiliser sur le sujet son bureau d'études.
Il s'interesse tout d'abord à Amédée Bollée fils qui conçu pour la course Paris-Marseille-Paris de 1896, un moteur horizontal bicylindre de 2.268 cm3 installé sur un châssis quatre places. Cette voiture sera accidentée et ne terminera pas la course mais l'essentiel est ailleurs car le Baron a remarqué l'excellent comportement de l'auto et séduit il acquière en mars 1897, une licence pour l'exploitation des brevets d'Amédée Bollée fils.
Un trimestre plus tard, Amédée Bollée fils commence ses nombreuses allées et venues des deux cotés de la frontière (... à l'époque) afin demarrer en Alsace le processus de fabrication des De Dietrich-Bollée avec 4 modèles allant de 5 à 18 cv.
1897_De Dietrich 6hp licence L.Bollée
A noter que la fabrication des moteurs restent elle au Mans pour des raisons géo-politiques car à l'époque il ne s'agissait surtout pas d'offrir une technologie stratégique aux Prussiens nouveaux maîtres de l'Alsace-Moselle depuis 1871 !
1900_De Dietrich-Vivinus
En 1900, le baron modernise sa gamme en rachetant au constructeur belge Vivinus le droit de construire son auto pour l'Empire Allemand mais les ventes ne sont pas au niveau des espérance de l'industriel et après avoir développer sa branche utilitaire, De Dietrich profite de l'invitation du Comte Gulinelli pour se rendre en 1901 à l'Exposition de Milan où il découvre le prototype d'une automobile 4 cylindres concue par le jeune et talentueux Ettore Bugatti.
Le hasard fait que les deux hommes vont rapidemment se trouver un intéret commun.
Si le Baron était à la recherche de technologies nouvelles à produire à Niederbronn, Bugatti quand à lui cherchait coute que coute un moyen de fabriquer son auto après l'echec de sa proposition à son ancien employeur Prinetti & Stucchi.
La rencontre est immédiatement suivie par la signature d'un contrat de licence et la venue de Bugatti à Niederbronn.
Les premiers véhicules sortent rapidement des chaines sous la marque "Dietrich-Bugatti" mais force est de constater que la clientèle n'est pas au rendez-vous.
De Dietrich type 5 par Bugatti
Cette mévente et le coût astronomique du développement des bolides conçus par Ettore seront à l'origine d'une mésentente grandissante entre les deux hommes et finira par une rupture en 1904.
Le Baron prévoyant se tourne dès 1902 vers Marseille où il acquiert les licences de fabrication des Automobiles Turcat-Méry qui vont convaincre une clientèle conservatrice à hauts revenus si bien que les modèles les plus humbles de la marque seront tout de même des 4 cylindres et ce jusqu'à la cessation de l'activité automobile dans les années 30.
1902_De Dietrich 16hp
1903_ De Dietrich 24hp
Si les De Dietrich "civiles" sont de lourdes voitures fiables et sans fantaisie, la firme s'affranchira en compétition de son coté guindé entre les mains de Léon Duray, pilote fétiche du Baron. (1905 Coupe Gordon-Bennett & Circuit des Ardennes / 1906 Coupe Vanderbilt / 1907 Raid Moscou-St Petersbourg, Coupe du Kaiser & Targa Florio).
1905_ Coupe Gordon Bennett_ Duray
1905_ Coupe Gordon Bennett_ Jarrot
1906_Coupe Vanderbilt_Duray
1906_Circuit des Ardennes_Duray
1907_Coupe du Kaiser_Duray doublé par la Fiat victorieuse de Nazzaro.
1907_ Raid St Petersbourg - Moscou _ Duray
1907_ Targa Florio _Duray
L'usine de Nierderbronn se spécialisant de plus en plus dans le matériel ferrovière, la production automobile est petit à petit transférée dans deux nouvelles entités à Argenteuil et Luneville et dès 1908 la branche automobile du groupe est dénommée "LORRAINE-DIETRICH".
Usine d'Argenteuil
Usine de Luneville
Pour l'anedocte, certains ont vu dans ce transfert d'activité en France la preuve de l'attachement tricolore de cette vielle famille nobilière et d'autres moins chauvins y virent une bonne astuce pour éviter les taxes (élevées) d'importation entre les deux versants de la ligne bleue des Vosges et donc conforter de bonnes marges d'exploitation ! A chacun de voir !!!
Durant qlq mois la firme proposera à sa clientèle huppée un canot sportif très tendance en 1908 et participera dès 1910 à des meeting aériens avec un Biplan conçu par Duray.
La firme a la cote et la prospérité est au rendez vous ...
1913_ Lorraine-Dietrich dans les rues de New-York.
... si bien que ce grand patron paternaliste qu'est De Dietrich se distinguera par la réalisation de cités ouvrières confortables et fait extrement rare à l'époque la création d'une mutualité ouvrière quelques année avant le grand chaos de la Grande Guerre qui divisera le groupe en deux entités nationales, participant ainsi activement aux efforts de guerre des deux belligérants !
1914 _ Camion Lorraine-Dietrich (F)
Niederbronn sera sollicitée par la Reichbahn alors que l'usine d'Argenteuil fournira à la Marine Nationale (hydravions Donnet-Denhaut)et à l'Armée de l'air de solides groupes propulseurs developpés par un certain Marius Barbarou véritable baroudeur de l'automobile (Clément-Bayard / Benz chez qui il conçu la Parsifal / Delaunay-Belleville) et spécialiste avant tout des moteurs pur sang !
1915_ Hydravion Donnet-Denhaut
La fin d'une époque et donc changement de client privilégié pour De Dietrich ...
1917_ Reichbahn ...
1918_ Chemin de Fer Français
C'est lui qui en 1920 concevra le nouvelle 6 cylindres de la firme : la 16cv 3.5 litres, un modèle "américanisé" à succés aussi bien commercial que sportif puisque c'est avec la version "Sport" que Lorraine-Dietrich inscrira son nom sur le palmares des 24h du Mans en 1925 et 1926.
1923_ Pub
1924_ Lorraine 15cv
1925_Lorraine 16cv
1925_ 24h du Mans
1926_ 24h du Mans
1926_ 16cv
1933_ Pub 16cv
Si d'autres modèles figuraient au catalogue (12 et 15cv), c'est ce modèle produit jusqu'en 1933 qui fera la réputation (et le fond de commerce) de la firme !
La crise financière qui toucha l'Europe n'épargna pas "LORRAINE" (nouveau nom depuis 1921 ...) qui malgrès le lancement de la superbe 20cv (6 cylindres et BV4) ne parviendra pas à retrouver sa clientèle et devant cette situation commerciale désastreuse le groupe se résignera à abandonner l'automobile en 1935 pour se recentrer sur des marchés plus profitable comme l'aéronautique, le chemin de fer ou aujourd'hui l'électro-ménager.
Loco P7 sortie des ateliers de Graffenstaden
Tramway De Dietrich à Strasbourg
Le même qlq mois avant sa mise en retraite
Avion de chasse Skoda-De Dietrich
1928_ Moteur étoile Algol 310ch
La 2eme GM verra naitre une autochenille Lorraine
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