Avec « UNIC » cette exhumation prend la suite de celle de « BRASIER » qui ont toutes deux la particularité d’avoir en tronc commun la "Société de Construction de cycles et d'Automobiles Georges Richard".
Nous retrouvons donc Georges Richard et son frère Max en 1905 au lendemain de leur éviction par leur associé Brasier de l’usine D’Ivry-Port.
L’appui financier du Baron de Rothschild aux frères Richard va leur permettre de rebondir sur cette mauvaise aventure en acquerrant à Puteaux l’ancienne usine « Bardon » vacante depuis le dépôt de bilan de ce constructeur un an auparavant.
automobile BARDON
Rapidement la nouvelle société "Georges Richard et Cie" met au point une gamme de quatre véhicules de 2 à 4 cylindres sous la marque « UNIC » dont l’originalité pour l’époque est d’offrir une absolue compatibilité des organes mécaniques d’un modèle à l’autre.
Tout comme les anciennes automobiles « Georges Richard » les « Unic » s’imposent comme de solides et fiables véhicules dont les versions à châssis rallongés annoncent les prémisses des vaillants véhicules utilitaires qui feront le succès de la firme.
Georges Richard est un industriel intuitif car il sait que l’avenir d’un constructeur passera à terme par de grands volumes de ventes peu envisageable avec la clientèle fortunée des débuts de l’automobile.
Pour cette raison il participe à la création de la Banque Automobile un organisme de crédit qui favorisa l’accession du plus grand nombre à ses automobiles tant dans l’hexagone qu’à l’étranger.
L’exportation est un marché où l’entreprise connaît un impressionnant développement depuis que sa 12/14hp a été sélectionnée par la société des taxis londoniens pour renouveler une partie de sa flotte.
Cette silhouette particulière fera partie du quotidien de la capitale britannique durant plus de deux décennies avant que le célèbre taxi « Austin » 12/4 prenne le relais.
Le succès de ses taxis et des autres dérivés utilitaires pérennise si grandement le développement de la marque que cette dernière s’inscrit durablement sur ce secteur, une stratégie qui portera ses fruits.
La Grande Guerre interrompt provisoirement cet élan et la grande usine du Quai National se concentre dès lors sur la fabrication de canon et d’obus de 75mm.
La fin des hostilités marque le retour d’une subite activité dans le bureau d’études de l’entreprise destinée au remplacement rapides des modèles dérivés des gammes d’avant guerre.
Cette nouvelle série L est aussi un hommage posthume à Georges Richard décédé quelques semaines avant l’ouverture du Salon de Paris 1922.
Les utilitaires sont désormais privillégiés par rapport à l’automobile particulière dont l’intérêt stratégique passe désormais au second rang.
Ceci n’empêche pas la firme de continuer à porter une attention toute particulière à la conception et à la qualité de fabrication de ses automobiles qui dès 1927 sont toutes dotées de freins aux 4 roues.
Deux ans plus tard, la marque présente la série H une huit cylindres arbre à came en tête dont l’enthousiasme du salon ne durera malheureusement peu de temps en raison de la crise.
La mévente de cette belle automobile vient aussi de son statut de modèle de transition entre la vieillissante série populaire L et la nouvelle série U plutôt typée haut de gamme.
En effet, la firme naguère populaire fut contrainte de revoir vers le haut son offre automobile dès lors qu’elle décida de monopoliser son outil industriel à la fabrication d’utilitaires au détriment de celle des automobiles particulières.
Ces dernières ne pouvaient plus dès lors se battrent à armes égales sur ce créneau populaire face aux productions des trois grands ténors français qui avaient eux révolutionnés en ce sens leur outil industriel pour réduire toujours plus leurs coûts de production.
Seule une franche montée en gamme de son offre a permis à UNIC d’adapter ses coûts de construction à une production aux marges plus importantes.
Malheureusement le passage d’un créneau de gamme à un autre n’est pas force aisée et le série H n’a pas su convaincre ce nouveau type de clientèle plus huppée car en dépit d’une conception et d’une fabrication hors de reproche il manquait certainement à ce 8 cylindres en lignes la fougue attendue de ce type de monture.
En 1934, les séries U4 puis U6 prennent le relais des L et H, en apportant une superbe carrosserie montées sur un châssis surbaissé avec doubles essieux articulé et indépendant.
Il s’agit d’un système croisé reliant ressort semi-elliptique et bras sur rotule. Le bras est fixé d’un côté au ressort et de l’autre au longeron opposé à la roue.
Les Unic ont beau être habillées par les plus grands carrossiers du moment et figurer avec classe dans les concours d’élégance, les ventes ne suivent plus et la marque n’a plus qu’un rôle de figuration sur le marché si bien qu’en 1938 est décidé l’abandon de la fabrication d’automobiles et le Salon de Paris 1939 sera le dernier où Unic exposera ses U6 dont un superbe cabriolet construit sur un châssis 1938.
Dès lors la firme, se concentre exclusivement à la conception d’utilitaires civils et militaires en changeant plusieurs fois de mains passant du Groupe Simca au Groupe Fiat qui conservera le nom UNIC jusqu’en 1992.
La firme est toujours vivante sous la marque commerciale IVECO et la sortie récente du 4x4 Massif, ne serait elle pas un clin d’œil au passé automobile de ce grand fabricant français ?
Quelques clichés des utilitaires UNIC à travers les années :
années 20
années 30
années 40
années 50
années 60
années 70
actuellement